Alzprotect, un société spécialisée en biopharmacie installée au pôle Eurasanté de Loos-les-Lille, vient d’avoir le feu vert des autorités sanitaires pour tester une molécule sur des patients atteints d’une maladie neurodégénérative dont les mécanismes sont comparables à ceux d’Alzheimer.
Un pas décisif dans lutte contre la maladie d’Alzheimer (900 000 cas en France, 47 millions dans le monde) est-il en passe d’être accompli à Lille ? L’espoir, suscité par la mise au point d’une molécule élaborée par la société pharmaceutique Alzprotect, qui exerce au sein du pôle Eurasanté de Loos (près de Lille) , sous l’égide du professeur Philippe Verwaerde est jugé tout à fait sérieux : le médicament, encore potentiel, n’a pas de nom commercial et est encore identifié sous le code AZP2006. A l’heure qu’il est, il n’a été administré qu’à des animaux. Une phase expérimentale jugée très concluante : « la molécule a permis d’arrêter le processus d’évolution de la pathologie sur ses trois marqueurs, et non sur un seul. Mieux, au cours du traitement, une relance de la croissance des neurones et de leurs connexions a pu être observée » indique le chercheur. Au stade actuel des tests, cela signifie que les effets curatifs de l’AZP 2006 pourraient permettre d’envisager « la restauration de certaines fonctions cérébrales atteintes par la maladie, comme l’apprentissage de la mémoire « précise le docteur Verwaerde.
Un marché estimé à 20 milliards d’euros
La promesse des résultats obtenus a convaincu l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) de délivrer à Alzprotect une autorisation afin qu’elle puisse démarrer un essai clinique dit « de Phase 2a » sur des malades, humains cette fois. Sont concernés par cette thérapie une trentaine de patients suivis par l’hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris et le CHU de Lille, tous touchés, non pas par Alzheimer, mais par une affection neurodégénérative dont les mécanismes sont comparables : il s’agit de paralysie supranucléaire progressive (PSP).
Un choix qui repose sur des considérations économiques plus que scientifiques : « expérimenter l’AZP2006 sur une maladie orpheline telle que la PSP garantit d’abord 10 ans d’exclusivité et, surtout, nécessite moins de fonds et permet d’accélérer le processus » précise le docteur Verwaerd. « Pratiquer un test directement sur Alzheimer aurait nécessité 150 millions d’euros, c’est dix fois mois pour la PSP ».
Selon les prévisions, Alzheimer pourrait atteindre 75 millions de personnes d’ici 2030 dans le monde, et 132 millions en 2050. L’enjeu sanitaire est donc majeur pour Alzprotect (8 collaborateurs), créé en 2007. En cas de succès, c’est un immense marché estimé à 20 milliards d’euros qui s’ouvrira à la petite société nordiste.